vendredi 12 décembre 2008

Portrait : l'intellectuel

Entre l’abus l’alcool, l’obsession du paraître et la mythomanie (voire des drogues en ce qui concerne les antifas), le faf de base ne sait pas vraiment penser. Les rares idées qui flottent dans sa tête pleine d’eau concernent des histoires de bande, du mythonnage, un meeting-branlette, du mythonnage, des soirées-bières, du mythonnage, un truc à dire sur Internet et également du mythonnage. Pareil pour l’antifa. Mais rassurez-vous : les deux ont un compère qui les aident à colmater leur défaut, et qui vient les aider à penser, ou plus exactement leur dire quoi penser. Ce compère, c’est l’intellectuel.
Chez les NR et dans certaines sous-franges du milieu antifa, tout le monde a un vocabulaire assez étendu (et creux) pour prétendre penser par soi-même. Chez les antifas, cela fonctionne plutôt bien, chez les fafs, les NR se sont tellement fait détester des autres fafs qu’ils ne peuvent plus leur dire quoi penser sans passer par des voies détournées, par exemple en écrivant dans « Flash », un magazine cheap dirigé par des NR, des marxisto-nationalistes et des vieux cons autrement appelés « anciens ». Mais un mouvement politique, aussi groupusculaire soit-il, a un besoin vital de références. Il doit se réclamer de tel ou tel penseur, philosophe, intellectuel, figure politique du passé, afin de se la raconter sur son blog minable ou dans des tracts que personne ne lit jamais. Pour cela, la présence d’un intellectuel dans le groupe, même s’il s’agit seulement d’un sage de service qui se la joue parce qu’il a lu trois livres, est essentielle. Et c’est une place de choix.

L’intellectuel est un littéraire. Il aime lire, même s’il ne comprend rien à ce qu’il lit. Quand il lit, il se fait moins chier qu’en entretenant des conversations vaseuses avec les blaireaux qui lui servent de camarades de classe ou de collègues. C’est aussi un maniaque de l’ordre qui aime mettre la réalité en boîte : tout prendre pour tout reclasser, tel est son credo. Ce que des fonctionnaires fainéants et inutiles font avec la paperasse, dans diverses officines d’état, lui le fait avec les quelques concepts qu’il maîtrise à peu près. Comme le militant de base, l’intello voit la réalité à travers un prisme déformant. Mais lui possède assez de finesse, quoique cette finesse rappelle le grondement du bulldozer, pour tout interpréter, réorganiser les faits à sa convenance, piquer un truc à un autre intello, sortir deux-trois arguments bidon style théorie du complot ou victimisation pour donner à son discours un touche d’émotionnel avant de conclure triomphalement. En général, sa conclusion ne fait que ressasser un truc déjà dit dix mille fois, en faisant comme si c’était la première fois que c’était dit, avec un maximum de blabla et de belles phrases. Mais quand l’intellectuel est parvenu à faire son trou dans un groupuscule, tout ce qu’il dit se rapporte désormais au groupuscule en question, comme si l’intello ne pouvait plus penser hors de son mouvement. Et dans ce cas, ses conclusions éclairantes et éclairées sont toujours les mêmes. Soit le mouvement Machin, dont il fait partie, a bien agi, a fait et va faire des trucs hyper-intéressants dont personne ne peut se passer. Soit, si ce dont il parle a été un fiasco, le dernier évènement super-important s’est légèrement mal déroulé, par la faute de tel autre mouvement rival, du système, de la police, des médias, de Sarko… Dans ce dernier cas, l’intellectuel reste néanmoins optimiste, car il est là, et à lui seul, armé de ses belles phrases et des trois mots creux qu’il écrit partout comme des étendards, il va remettre le monde sur le droit chemin. On ne trouve pourtant rien d’applicable ni de très concret dans ses propositions. Ce n’est que de la branlette, ou alors une pseudo-analyse aussi manichéenne que piquée ailleurs, qui se réduit de toute façon à un point de vue : le sien.
Car l’intellectuel est prétentieux. Il a toujours raison, sait exactement ce qui arrive et ce qu’il faut faire, même si lui-même ne décide jamais rien vu qu’il n’a pas la stature d’un chef. Son orgueil phénoménal s’exprime à travers maints discours, posts sur des forums, voire débats très très longs sur ces mêmes forums, où il donne son avis sur tout et tout le monde. N’essayez surtout pas de le contester : vous n’auriez rien compris, vous vous feriez insulter et de toute façon ses sources sont meilleures que les vôtres. Certains mettent des patchs, d’autres s’habillent comme des sapins de Noël (ou comme des clochards, c’est selon), l’intello s’affirme avant tout sur Internet et quelquefois dans des discussions de comptoir si le lieu n’est pas trop bruyant. Devant une bière, il refait le monde, s’étale pendant des heures sur « ses » analyses (qu’il a presque toujours piquées ailleurs), quitte à se répéter à longueur de temps. Dans le cadre d’un mouvement, il rédige des tracts imbitables et prétentieux qui poussent rapidement le quidam moyen à les jeter à la poubelle sans les lire. Ou alors, il pond des articles dithyrambiques, squatte le micro dans un meeting…
On en trouve beaucoup dans la blogosphère. La plupart des blogs politisés (pour le coup, ça concerne aussi les socialo-bobos et autres UMPistes en goguette) ne sont qu’un ramassis de fumisteries, d’idées déjà développées, de controverses stériles qui n’en finissent pas et d’autosatisfaction. Sans oublier les éternels donnages de leçon et autres critiques faciles à l’encontre de tel mouvement ou personnage. Du genre : « Machin a fait ceci, moi je pense que c’est pas bien, parce que faire ça c’est mauvais pour la cause et c’est méprisant pour les français-de-souche/sans-papiers, et puis de toute façon Machin est un gros naze. Comme disait Platon : quand on est con, on est con, et Machin le montre bien. Et toc. »
S’il se prend pour un penseur, l’intello aligne les longues phrases, boursouflées de figures de rhétorique et manquant à tel point de connecteurs logiques que le lecteur ne sait plus où il en est au bout de quelques lignes. S’il se prend pour un dissident, un rebelle, un « saint de la connaissance » (comme disait Nietzsche qui a inspiré tant de wannabees), il fera au contraire des phrases très courtes, dures et monosyllabiques. Il se croira innovateur, alors qu’il ne fait que brusquer le lecteur en lui claquant des mots au nez. Dans les deux cas, les tartines pondues par notre philosophe de service n’ont aucun intérêt. Les gens étant ce qu’ils sont, on trouve néanmoins des gros blaireaux qui leur suceront la bite à coups de grosses flatteries, pensant avoir trouvé le Foucault du 21ème siècle.

Comment un intellectuel procède-t-il ? Généralement, sa vocation d’intello se révèle à lui au lycée, quand il se met à lire des e-books politiquement incorrects ou des bouquins marxistes-anarchistes. Il bavasse un peu sur les forums concernés. S’il n’est pas trop timide et qu’il ne devient pas un internet warrior ou un NR (on en a déjà parlé dans le portrait du NR), il rejoint le milieu en question. Là, il se fait un trou, en adhérant à un mouvement, en venant à des manifs, meetings, mais aussi et surtout à des soirées bière. C’est là qu’il se trouve des amis. Dans les soirées bière, les intellos forment un groupe à part, discutant à voix basse de trucs hyper-compliqués que le militant de base est incapable de comprendre. Notre intellectuel n’a qu’à repérer ce groupe, puis parler à un de ses membres dès qu’il se déplace, par exemple pour commander une nouvelle binouze. Il le flatte un peu, tâte le terrain, ose quelques références culturelles et s’incruste dans la discussion.
Les intellos antifas sont avantagés, car ils ont également les facs pour se trouver des amis ou des suiveurs. Dès qu’un débat politique est lancé, dans n’importe quel groupe d’étudiants, notre intellectuel intervient bravement pour défendre sa position. En général, l’intello est un gros lâche et il défend la position majoritaire au sein du groupe, en reformulant des trucs déjà dits et en les assaisonnant à sa sauce pour que les blaireaux qui l’entourent croient avoir trouvé un nouveau messie prêt à rejoindre leurs rangs. Quelquefois, ça marche. Quelquefois non. L’intello est tellement prétentieux que son orgueil énerve les autres, surtout quand ceux-ci se rendent compte qu’il n’ajoute rien au débat, et il se fait jeter. Il se documentera longuement sur qui l’a jeté, de quel courant ou mouvement ils se réclament, puis fera courir un tas de ragots sur eux. Non sans continuer, bien sûr, à se mêler à toutes sortes de discussions pour y faire valoir son point de vue, pérorer en vrai et sur Internet, tenir un blog où il expose ses brillantes théories en faisant parfois du copier-coller d’autres sources, et évidemment à intervenir partout sur les forums. Pas étonnant que les forums antifas, comme le CCC-Forum ou Resistance, soient des foires d’empoignes entre mongoliens d’obédiences diverses.

Le discours-type d’un intello faf, ça donne :
« Moi je pense que l’immigration c’est pas bien… bla bla bla… tout le monde est contre nous… bla bla bla… croisé une racaille l’autre jour… bla bla bla… que de la merde à la télé… bla bla bla… comme disait Nietzsche, l’aristocratie est au-dessus des moutons, et nous en sommes… bla bla bla… nouvel ordre mondial… bla bla bla… complot maçonnique… bla bla bla… antifas = idiots utiles [NDLR : ce n’est pas totalement faux] bla bla bla… bref, moi, ma pensée, c’est que… bla bla bla… heureusement qu’il y a tel mouvement ou blog [les siens] pour dire non au système. »
Dans le cas de l’intello antifa, ça serait plutôt :
« Moi je pense que le Grand Capital c’est pas bien… bla bla bla… tout le monde est contre nous… bla bla bla… l’autre jour, j’ai vu un skin à la fac, il était ambigu, c’est horrible… bla bla bla… les médias sont de droite… bla bla bla… comme disait Proudhon, l’anarchie ça roxx du boudin… bla bla bla… Grand Capital… bla bla bla… fachos sont partout… bla bla bla… complot néo-nazi… bla bla bla… fafs = idiots utiles… bla bla bla… immigrés pauvres victimes… bla bla bla… il faut exterminer les ennemis du peuple… bla bla bla… révolution prolétarienne... bla bla bla… Le Pen enculé… bla bla bla… seuls les antifas disent non au système… bla bla bla… les fafs ont le système derrière eux… bla bla bla… racisme = caca … bla bla bla… fuck la police… bla bla bla… Sarko = nazi… bla bla bla… iSSraël = nazi… bla bla bla… tout le monde est nazi, surtout les fafs et sauf nous… bla bla bla… comme disait Marx, les superstructures DOIVENT être changées et ça ne peut passer QUE par nous et surtout par moi… bla bla bla… bref, luttez camarades, la Révolution vaincra. »
Si la tartine de l’antifa est plus longue que celle du faf, c’est parce que l’antifa est plus bordélique et dithyrambique. Là où le faf se tait parce qu’il risque des ennuis judiciaires, l’antifa s’étale complaisamment, avec moultes références sociologiques qui ne servent qu’à insulter ses pseudo-ennemis fafs une fois de plus.

Avant, il y avait des philosophes, des penseurs, de vrais intellectuels. Il y avait des poètes, des romanciers, des écrivains. Il y avait des Baudelaire, des Maupassant, des Balzac. Aujourd’hui, il n’y a plus que des écrivaillons qui étalent leur orgueil dans des livres aussi ennuyeux qu'eux. BHL, Werber, Houellebecq, Nothomb & co sont les maîtres à penser d’aujourd’hui. Mais ils ne pensent pas, vu qu’ils repompent des trucs ailleurs, racontent leur vie, font beaucoup de baratin pour cacher leur impressionnant vide cérébral. Chez les sociologues, c’est pareil : entre Jackie Cordonnier, le sociologue à deux balles qui amalgame métal et satanisme sur les plateaux télé, et tous les clampins qui pondent des pamphlets antifas qu’ils nomment pompeusement « sociologie », on peut pleurer tous les arbres et l’encre qui ont été utilisés pour caser ces torchons dans les mains des gens.
Ce qui est en haut est en bas. A ces modèles creux correspondent tout un tas d’intellos bidon, qui se nourrissent eux-mêmes de sources creuses et de commentaires biaisés.
Tout ce qu’on peut espérer, c’est que fafs ou antifas, tous les intellectuels en peau de lapin se regrouperont quelque part pour un colloque-branlette et qu’ils flamberont tous dans un incendie criminel. Pour les forêts, la blogosphère et nos cerveaux, ce serait déjà ça de gagné.

8 commentaires:

  1. QUANT J'ENTEND LE MOT CULTURE JE SORT MA MATRAQUE ET JE TAPE

    ALEXIS ISSAURAT

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  2. Cela dit ce mot là tu dois l'entendre souvent...

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  3. merde bordel ils nous gavent ces cons faut pas leurs répondre ils n'attendent que ça pour exister.Leur place est a la porcherie et ce blog n'est pas une ferme, chez nous a Bruxelles on parle pas aux morues faites comme nous.

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  4. minable si tu etai en face de moi tu pleureré et me suplirait de te pardonner sais parole


    ALEXIS ISSAURAT

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  5. article intéressant, mais soit dit-en passant ne fais-tu pas un peu la même chose en perdant ta vie à faire un blog pour te foutre des autres? Tes articles sont bien écrits, mais tu as l'air de bien connaitre les milieux faf-antifas, aurais-tu honte de dire que comme pas mal d'ados tu y as trainé?
    J'ai l'impression que tu connais ce milieu mieux que n'importe lequel d'entre-nous.

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  6. politrash supprime des commentaires génant je vois, tapette de merde, petit bourgeois plein de fric je vais te crever les yeux

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  7. retourne dans ton placard, alexis

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  8. l'intellectuel qui a accouché de ce pavé a le sens de l'auto-dérision, c'est bien.

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